Forgotten Spaces (2)

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Even the white walls look like dark tonight.

Même les murs blancs ont l'air sombres ce soir. Vous vous retournez dans votre lit et le fixez, ce mur. Cela fait plusieurs années qu'ils n'ont pas été repeints et sont familiers mais pourtant la brise froide qui s'y glisse venant du couloir par votre porte ouverte est inhospitalière et angoissante.
Soudain vous êtes prit d'un haut le cœur et manquez d'air, quelque chose vous étouffe, vous vous débattez en silence, dans ce silence pesant. Il va peu-être enfin vous avoir, depuis plusieurs jour, sa présence est la, dans chaque espace, il vous guette. Vous ouvrez la bouche pour crier mais aucun son ne sort, la pièce est toujours silencieuse malgré votre corps qui convulse de plus en plus et pourtant aucun bruit de draps qui se froissent, de lit qui grince. Regardant autour de vous, vous ne vous souvenez pas avoir peint la plafond de la chambre en bleu.

19h46
C'est toujours pareil, tout le monde s'en va, vous laissant seul, mais cela ne vous dérange pas. Vous colocataires sont tous arrivé et le diner fut rapide, pour qu'ensuite tout le monde vaque à ses occupations dans la maison. Deux de vos amis retrouvent leur poste sur le balcon pour allumer leur énième cigarette. Vous vous penchez et soupirez en voyant le cendrier plein à rabord, ce n'est surement pas vous qui allez le jeter, ça vous dégoute.

Vous êtes six.

Six dont quatre sont vos amis d'enfance, un jeune homme japonais venu étudier le design avec qui vous vous êtes lié d'amitié et la copine de Maxime, qui vous agace au plus haut point. D'ailleurs vous l'entendez ricaner au loin comme si elle avait lu dans vos pensées.
Maxime, vous ne lui avez pas parlé de "l'incident" du répondeur quand il est rentré car il aurai pensé que vous lui reprochiez encore d'être en retard, donc vous n'avez rien dit.
A présent vautré dans le canapé avec votre Mac sur les genoux, vous écoutez de la musique pour vous déconnecter de cet endroit un moment. Il fait déjà nuit car c'est l'hiver et la faible lumière de la petite lampe ose à peine ricocher sur la mur pour éclairer la pièce, seule la télévision restée allumée après le repas et votre ordinateur vous indique que vous êtes seul, et amorphe sur ce divan, rien ne bouge.

21h39
Des rires proviennent de la chambre de votre colocataire japonais, vous souriez en l'entendant car son rire est vraiment particulier, le genre de personne dont le rire est plus drôle que ses blagues.

22h04
Vous yeux commencent à vous piquer et vous les clignez frénétiquement pour finir l'épisode de votre série. Au moins cette épisode, pensez vous. Le policier de votre vidéo parle avec son coéquipier de l'affaire en cours, visiblement la plus difficile de leur carrières, vous yeux vous piquent.

23h20
Vous fermez les yeux avec force une minute entière pour les ré-ouvrir, il reste 16 minutes de vidéo et vous voulez absolument la finir mais le sens de certains dialogues commencent à vous échapper. Le policier semble lui même fatigué et regarde derrière lui sans raison, ce que vous ne relevez pas. Il s'assoit à son bureau et se masse les tempes, ses yeux semblent lourds, au moins autant que les votre à le regarder.
Il regarde derrière lui, vous faites de même.
Personne dans la pièce, les rires se sont tu, l'horloge indique 23h23 quand vos yeux se ferment pour de bon, votre tête suivant le même mouvement que les paupières.
Il se lève de son bureau et s'assoit devant la télévision, l'heure doit être tardive car la chaine diffuse de vieux classiques en noir et blanc, le son est de mauvaise qualité et l'image bouge de temps à autre. Concentré sur le film, vous ne remarquez pas être assis à coté en spectateur, et quand vous le remarquez, vous vous levez brusquement. Un rêve?

Vous vous placez devant le policier qui ne vous voit pas, il est concentré sur son film, pas étonnant vu qu'il a passé tout l'épisode à chercher un meurtrier inexistant. Soudain il éclate de rire, un rire grave et lointain qui vous donne des sueurs froides. Vous vous tournez devant l'écran pour essayer de comprendre pourquoi et les sueurs froides s'accentuent quand vous vous voyez.

C'est votre chambre dans le film en noir et blanc, et vous y êtes, en train de dormir profondément. Sans savoir que faire vous regardez la scène sans un bruit, essayant de voir le moindre détail que ce rêve chercherait à vous montrer. Après quelques minutes de silence total, vous voyez enfin un détail inhabituel.
C'est une fissure grande de quelque dizaines de centimètres seulement dans un coin de mur, elle est petite mais une lumière semble s'en échapper, vous rapprochant de l'écran vous fixez cette fente, le "vous" du film continuant de dormir profondément.

L'agent de police se lève et avance vers vous, qui êtes toujours occupé à contempler votre chambre à la télévision. Il vous prend le bras, puis l'autre et vous fait retourner vers lui, il à l'air soudain angoissé, même paniqué, et vous hurle quelque chose mais vous n'en comprenez pas un traitre mot. Il vous secoue dans tout les sens, vous communiquant sa panique, vous vous débattez pour vous retourner vers la télévision. A juste titre car à peine libéré de l'emprise du policier, une fine fumée s'échappe de la fissure lumineuse et avance dangereusement vers vous, endormi dans votre lit. La pièce est tellement silencieuse que vous entendez même le faible bruit trotteuse de votre montre sur la table de chevet.

00h02
La bruit de la trotteuse semble se rapprocher, surement car c'est l'unique son de la pièce, pourtant il semble réellement devenir plus fort, de plus en plus fort, encore plus fort jusqu'à devenir assourdissant, si bien que plus rien d'autre ne peut attirer votre attention. Vous portez vos main a votre tête, vous massant les tempes, les yeux toujours fixés sur l'écran.

Ce n'est plus drôle, ça fait mal.
Vous voulez que ça cesse et vous fermez donc  les yeux. Quand vous les rouvrez rien n'a changé , toujours le nez collé à cet écran, quelqu'un criant des ordres incompréhensibles au loin, derrière vous, et cette fumée voletant au dessus de votre visage endormi dans la pénombre. Vous détestez ça et voulez l'ignorer, ça n'a aucun sens et vous sentez la migraine arriver. La trotteuse fait un bruit de marteau-piqueur dans votre tête, c'est comme si tout vos neurones s'entre choquaient et restaient grésillants et incapables de fonctionner après coup.
Quand le policier se tait et pose la main sur votre épaule, vous sursautez et avez un haut le cœur. Vous manquez d'air, quelque chose vous étouffe. Allongé dans votre lit vous vous tortillez en ignorant où vous êtes. Ce lit est familier mais êtes vous  toujours dans votre rêve?
Quand l'emprise se désert vous reprenez vos esprits, bel et bien réveillé mais épuisé.
La trotteuse fait à nouveau un bruit très faible, agacé vous arrêtez votre montre et restez assis sur votre lit dans la pénombre presque totale. En oubliant de fermer les volets, vous recevez la faible lumière du lampadaire dans la rue, une lumière jaune et artificielle qui rend tout ce qu'elle éclaire fade et lugubre dans le noir. Vous vous allongez et fixez votre plafond, une main sur le front, c'est bien votre plafond, vos murs.
En pensant aux murs vous vous rappelez soudain de la fissure dans votre rêve, et tournez instinctivement la tête vers l'endroit précis. Il y a bien une fissure à cet endroit, mais beaucoup plus petite, et plus vous la fixez, plus vous pensez apercevoir une lumière provenant de l'intérieur.

Il est presque deux heures du matin et vos yeux sont toujours grands ouverts.

(à suivre)


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